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Réadaptation cardiaque, de quoi parle-t-on ?
La réadaptation cardiaque est une étape clé après un accident cardiovasculaire, une chirurgie cardiaque, ou une insuffisance cardiaque chronique. Grâce à la reprise d’une activité physique adaptée, d’une bonne hygiène de vie, d’une compréhension totale et d’une observance maximale de son traitement, rééduquer son cœur permet d’améliorer sa qualité de vie au
quotidien.
En quoi consiste la réadaptation cardiaque ? Comment se déroule-t-elle ? À qui s’adresse-t-elle
? Quels bienfaits en retirer ?
La réadaptation cardiaque c’est quoi ?
La réadaptation cardiaque a été définie par l’OMS en 1993 comme “l’ensemble des activités requises pour influer, favorablement, sur le processus évolutif de la maladie et pour assurer au patient les meilleures conditions physiques, mentales et sociales, afin de préserver ou de retrouver une place aussi normale que possible dans la société” , comme l’indique la Société Française de Cardiologie.
Que ce soit pour se rétablir d’un accident cardiovasculaire, se remettre d’une chirurgie du cœur ou mieux vivre sa maladie cardiaque, la rééducation est un outil puissant pour empêcher l’aggravation de son état et diminuer les risques futurs.
Ce programme inclut des exercices d’activité physique adaptée, une optimisation thérapeutique, une mise en place d’éducation thérapeutique pour mieux comprendre son traitement, ainsi que de multiples conseils pour améliorer ses habitudes de vie et augmenter son confort de vie. C’est donc une approche multidisciplinaire.
Cette réadaptation peut commencer dès l’hospitalisation et se poursuivre bien après, en ambulatoire, en s’intégrant au quotidien des patients éligibles à ce programme. Elle permet à chacun d’être actif dans son rétablissement.
Comment se passe une rééducation cardiaque ?
Les trois phases de la réadaptation cardiovasculaire
On décrit 3 phases classiquement admises lors de la réadaptation cardiaque :
- la phase I : c’est une mobilisation précoce durant l’hospitalisation afin de réapprendre les gestes simples ;
- la phase II : le retour à la vie normale après un séjour à l’hôpital. C’est la période durant laquelle la surveillance médicale est encore présente, et où le patient est aidé à prendre de bonnes habitudes de vie ;
- la phase III : prolongement des habitudes prises lors de la phase II afin d’augmenter le confort de vie sur le long terme.
Les capacités physiques : du bilan initial au programme personnalisé
Lors de la deuxième phase de la réadaptation cardiaque, l’équipe médicale réalise un bilan global de la santé physique du patient afin de pouvoir concevoir un programme d’activité adapté à sa situation.
Après avoir recherché la présence de séquelles de l’accident cardiaque ou une instabilité potentielle de la pompe cardiaque d à travers un écho-Doppler, d’autres examens sont réalisés. Parmi eux, on retrouve une :
- épreuve d’effort initiale avec mesure éventuelle de la consommation maximale d’oxygène
Un test de marche de 6 minutes, et une évaluation de la force musculaire sont parfois indiqués selon les patients et les centres.
Cette évaluation physique est déterminante pour planifier des séances sportives adaptées au niveau du patient.
L’adoption de meilleures habitudes de vie
La sédentarité, le surpoids et l’obésité, le diabète, le cholestérol, l’hypertension artérielle, une mauvaise alimentation, ou encore une consommation de tabac sont des facteurs de risques de développer une maladie cardiaque ou de réaliser un accident (AVC, infarctus).
D’après des études, chaque augmentation d’1 kg/m2 de l’indice de masse corporelle (IMC) augmenterait le risque d’insuffisance cardiaque de 5 % chez l’homme et de 7 % chez la femme.
La délivrance de conseils hygiéno-diététiques fait partie intégrante des programmes de réadaptation cardiaque afin de limiter le risque d’accidents et de récidives.
Une reprise du travail sous condition
La reprise professionnelle dépend de l’état de chaque patient et de son état psychologique. Le temps et la fréquence de travail doivent être évalués par un cardiologue de l’équipe de réadaptation. Une adaptation du poste de travail et un aménagement des horaires sont parfois envisagés avec la médecine du travail dans le cadre d’un arrêt prolongé (plus de 3 mois).
La mise en place d’un soutien psychologique
Une chirurgie cardiaque ou un accident de type infarctus du myocarde bouleversent le quotidien et augmentent le risque de dépression, d’anxiété et de stress de la reprise de la vie quotidienne etc. Pour faire face à ces problématiques, la réadaptation cardiaque prend en charge un soutien psychologique avec des professionnels agréés.
Cette composante est d’autant plus importante que certains travaux ont démontré un lien entre dépression, infarctus et mortalité.
Une optimisation et éducation thérapeutique
La rééducation cardiovasculaire et respiratoire prend en compte l’optimisation du traitement médicamenteux prescrit au patient afin de lui offrir la meilleure solution, personnalisée selon ses besoins.
Une approche de l’éducation thérapeutique est réalisée, afin que le patient soit en parfaite compréhension de son traitement, que l’observance soit améliorée, et qu’il se sente acteur de sa convalescence.
Pourquoi faire de la réadaptation cardiaque ? 4 bienfaits
Des effets positifs sur le système cardiovasculaire, respiratoire et musculaire
L’exercice physique réalisé lors d’un programme de rééducation cardiovasculaire a un effet sur le système cardiovasculaire, respiratoire et musculaire.
Le lien entre activité physique et vaisseaux sanguins est élucidé, mettant en évidence l’importance d’entraînement sportif pour la santé du système vasculaire.
L’exercice est également associé à une réduction de l’hyperventilation excessive et améliore les capacités respiratoires générales.
En ce qui concerne le système musculaire, son évolution dépend de l’entraînement sportif que peut recevoir le patient. On remarque néanmoins une augmentation de la force et de l’endurance musculaire.
Un pronostic vital amélioré
Diverses études ont montré des bénéfices de la réadaptation cardiaque sur la mortalité et les réhospitalisations.
Les personnes avec pathologie coronarienne auraient une réduction de la mortalité cardiovasculaire de 26 % et des réhospitalisations de 18% Quant aux insuffisants cardiaques (patients avec une fraction d’éjection réduite), on a observé une mortalité réduite de 12 % ainsi qu’une baisse des réhospitalisations entre 20 et 30 %. Ces chiffres sont corrélés à l’observance à l’entraînement sportif.
Une réduction des facteurs de risques
La mise en place de mesures hygiéno-diététiques et l’augmentation de l’activité sportive chez les personnes atteintes de pathologie cardiaque ont un impact positif sur la réduction des facteurs de risques cardiovasculaires. On observe :
- une baisse de la pression artérielle ;
- un retard d’apparition du diabète, et un meilleur équilibre glycémique chez les diabétiques ;
- une augmentation modérée du taux de HDL cholestérol, bénéfique pour la santé cardiaque ;
- une meilleure gestion du stress.
Ces mesures permettent également d’améliorer les capacités d’effort des patients.
Une qualité de vie à la hausse
La mise en place d’une rééducation cardiaque permet d’augmenter la qualité de vie générale du patient, à travers la diminution des facteurs de risques et d’une amélioration des capacités d’effort, mais pas que. L’optimisation du traitement médicamenteux, l’amélioration de l’observance grâce à l’éducation thérapeutique et l’aide psychologique proposée ont une influence positive.
Qui compose l’équipe de réadaptation ?
La réadaptation cardiaque s’imposant comme une approche multidisciplinaire, c’est une équipe de professionnels qui travaillent sur la santé physique et l’état émotionnel de chaque patient.
Chaque membre est spécialiste d’un domaine : médecin cardiologue spécialisé en réadaptation , infirmière, kinésithérapeute, diététicien, psychiatre, psychologue, enseignant en activité physique adaptée etc. sont susceptibles de prendre part à l’équipe de rééducation.
Qui peut bénéficier de la réadaptation cardiaque ?
Les hommes et les femmes peuvent bénéficier de la réadaptation cardiaque. Ce type de programme personnalisé est adapté pour les personnes dans les situations suivantes :
- après un infarctus du myocarde ;
- après une chirurgie coronaire, valvulaire, aortique ;
- après une greffe cardiaque ;
- après une angioplastie (avec ou sans stent) ;
- lors d’un angor stable ;
- lors d’une insuffisance cardiaque ;
- en présence d’une hypertension artérielle ;
- lors d’une artériopathie des membres inférieurs.
Quelles sont les contre-indications à la rééducation cardiovasculaire ?
Malgré ses bénéfices, il existe des contre-indications à la réadaptation cardiaque qui doivent nécessairement être respectées. Elles sont
généralement temporaires :
- un syndrome coronarien aigu évolutif instable ;
- une insuffisance cardiaque dont le traitement n’est pas encore optimal ;
- une fibrillation auriculaire qui n’est pas bien traitée ;
- une hypertension artérielle pulmonaire systolique > 60 mmhg au repos ;
- des troubles rythmiques ventriculaires complexes ;
- la présence d’un thrombus intra-ventriculaire de gros volume ;
- un épanchement péricardique de grande ampleur ;
- une myocardiopathie obstructive sévère ;
- un rétrécissement aortique avec symptômes ;
- une infection inflammatoire mal contrôlée ;
- une atteinte rhumatologique ou orthopédique qui nécessite elle-même
une réadaptation spécialisée.
Références scientifiques
- Testuz, A. Dépression et infarctus. Rev Med Suisse. 2009; -5 (193): 515–519.
Gerhard Schuler, Volker Adams, Yoichi Goto, Role of exercise in the prevention of cardiovascular disease: results, mechanisms, and new
perspectives, European Heart Journal, Volume 34, Issue 24, 21 June 2013, Pages 1790–1799, https://doi.org/10.1093/eurheartj/eht111
Lindsey Anderson, Neil Oldridge, David R. Thompson, Ann-Dorthe Zwisler, Karen Rees, Nicole Martin, Rod S. Taylor, Exercise-Based Cardiac Rehabilitation for Coronary Heart Disease: Cochrane Systematic Review and Meta-Analysis, Journal of the American College of Cardiology, Volume 67, Issue 1, 2016, Pages 1-12, ISSN 0735-1097, https://doi.org/10.1016/j.jacc.2015.10.044. Rod S. Taylor, Linda Long, Ify R. Mordi, Michael Tvilling Madsen, Edward J. - Davies, Hasnain Dalal, Karen Rees, Sally J. Singh, Christian Gluud, Ann-Dorthe Zwisler, Exercise-Based Rehabilitation for Heart Failure: Cochrane
- Systematic Review, Meta-Analysis, and Trial Sequential Analysis, JACC: Heart Failure, Volume 7, Issue 8, 2019, Pages 691-705, ISSN 2213-1779, https://doi.org/10.1016/j.jchf.2019.04.023.
- La réadaptation cardiaque : bases physiologiques, effets bénéfiques, contre-indications, Jean-Paul BOUNHOURE et Marc BOUSQUET, Bull. Acad. Natle
- Méd., 2014, 198, no 3, 491-499, séance du 18 mars 2014
- Par Bossu Héloïse
- mars 23, 2023
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